Putain, le monde est beau.
Mon cœur s'emballe, maladroitement il
rate une marche.
Mes yeux s'ouvrent, ils voient comme
ils n'ont jamais vu. Ils s'ouvrent en grand pour capter toute la
lumière que chaque chose leur renvoie, le monde les touche, tout
semble plus beau. Les couleurs de chaque objets me frappent avec plus
de force que jamais.
Je fais partie de ce monde. Comme
chacune de ces feuilles, de ces gouttes d'eau qui les frappe avant de
me toucher. On peut entendre cette douce percussion jusque dans
l'emballement du rythme de ce petit muscle au creux de ma poitrine.
Là, protégée par ces arches de calcaires enrobés de chairs il
pulse.
Putain, je suis en vie.
L'eau ruisselle sur tout mon être. De
mes cheveux jusque sur mes épaules, de mon visage jusqu'à mes
mains, de ma poitrine jusqu'à mes hanches, de mes jambes jusqu'à
mes pieds. Chacune de ses gouttes de pluie souligne mon être.
L'odeur de la terre humide monte
jusqu'à mon nez. Je remplis mes poumons de cet air humide. Sur le
sol, des flaques d'eau se forment. Le ciel s'y reflètent. En
marchant dessus, j'ai l'impression de gravir les cieux.
Les arbres forment une arche
protectrice au dessus de ma tête. Les arabesques de leurs branches
m'évoquent les traînées bleutés de mes veines sur ma propre
écorce.
Tous ces instants se gravent dans ma
tête. Juste là sous la voûte osseuse de mon crâne, entre les
circonvolutions de mon âme.
Putain, le monde est beau.
Putain, je suis en vie.