C'est un matin comme les autres.
Pourtant cette journée vient me rappeler le temps qui passe :
j'ai 22 ans.
Alors pour couper l'herbe sous le pied
à toute ces réflexions du genre « techniquement
t'as juste une journée de plus qu'hier », je tiens
à dire qu'hier j'avais 21 ans et 364 jours. Alors oui je n'ai
pris qu'une journée de plus mais ce jour sonne comme une
étape. Un peu à la manière du coureur qui
viendrait à franchir la ligne d'arrivée: techniquement
il n'a fait qu'un pas de plus et pourtant lui on va pas l'emmerder
avec notre cynisme.
Non je suis injuste. Je suis bien
passive qu'un coureur. Moi je peux pas m'arrêter, me stopper
là et regarder les gens et leur dire d'aller se faire foutre,
eux et leur compétition sportive qui célèbrent
la performance des uns au détriment des autres, puis faire
demi-tour tout doucement en prenant cette fois le temps de contempler
le paysage.
Le temps je le subis plus comme un
mollusque sur le récif subit la marée.
Je fais avec.
Je ne veux pas faire pleurer dans les
chaumières, je suis encore à cet âge bénie
où la vieillesse semble loin. Ça je m'en rends bien
compte en observant les « plus vieux ». Et
pourtant je vois bien que je ne suis définitivement plus une
enfant, ni une ado. Non je suis une « jeune adulte ».
Mon corps est déjà
marqué de quelques cicatrices comme me le montre le miroir de
bon matin. Au bien sur je mentirais en disant que je me trouve
sublime. Mais l'avantage d'être une jeune adulte c'est que,
contrairement à l'ado, c'est que j'ai nullement besoin de me
sentir magnifique pour me sentir bien. Il faut juste que ce corps
soit en adéquation avec mon état d'esprit.
Alors je me suis fait tatoué,
autant de marque de ma propre volonté sur mon corps. Je me
suis teint les cheveux en rouge sans autre considération que
j'aime ça. Un petit piercing, léger, bien plus que mes
tatouages à but personnel, pour annoncer un peu la couleur du
personnage que je suis devenue. Peu être un jour le
retirais-je? J'en sais rien pour le moment.
Oui j'ai compris que, et ce bien que
les médias semblent nous convaincre du contraire, on peut très
bien vivre avec quelques rondeurs sur les hanches, sur le ventre, sur
les cuisses. L'important n'est pas de plaire au plus grand nombre,
mais de se faire désirer de celui que l'on veut. Après
tout les humains et les corps sont bien plus multiples que le modèle
dominant ne le suggère.
Alors qu'est ce que je vois ce matin
là dans le miroir?
Moi. Mon visage rond, mes yeux bleus
qui tirent sur un gris qui évoque un temps légèrement
pluvieux. Des lèvres fines, un nez fin mais bosselé sur
le milieu. Des cheveux rouges que je n'attache que rarement, en
bataille. Un corps rond mais sans être gros. Des hanches, des
seins, des cuisses, autant de marques de ma féminité.
Des tatouages qui ensemble me rappelle quelle attitude à tenir
envers le temps qui passe. Quelques cicatrices qui me rappellent des
souvenirs...
Je suis en partie un peu de tout ça.
Mais pour sortir je me rhabille. Par pudeur mais pas celle que vous
pensez. Celle qui consiste à ne pas se livrer nue au tout
premier abord.
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