mardi 24 janvier 2012

22 années


     C'est un matin comme les autres. Pourtant cette journée vient me rappeler le temps qui passe : j'ai 22 ans.
      Alors pour couper l'herbe sous le pied à toute ces réflexions du genre « techniquement t'as juste une journée de plus qu'hier », je tiens à dire qu'hier j'avais 21 ans et 364 jours. Alors oui je n'ai pris qu'une journée de plus mais ce jour sonne comme une étape. Un peu à la manière du coureur qui viendrait à franchir la ligne d'arrivée: techniquement il n'a fait qu'un pas de plus et pourtant lui on va pas l'emmerder avec notre cynisme.
      Non je suis injuste. Je suis bien passive qu'un coureur. Moi je peux pas m'arrêter, me stopper là et regarder les gens et leur dire d'aller se faire foutre, eux et leur compétition sportive qui célèbrent la performance des uns au détriment des autres, puis faire demi-tour tout doucement en prenant cette fois le temps de contempler le paysage.
      Le temps je le subis plus comme un mollusque sur le récif subit la marée.
Je fais avec.

      Je ne veux pas faire pleurer dans les chaumières, je suis encore à cet âge bénie où la vieillesse semble loin. Ça je m'en rends bien compte en observant les « plus vieux ». Et pourtant je vois bien que je ne suis définitivement plus une enfant, ni une ado. Non je suis une « jeune adulte ».

      Mon corps est déjà marqué de quelques cicatrices comme me le montre le miroir de bon matin. Au bien sur je mentirais en disant que je me trouve sublime. Mais l'avantage d'être une jeune adulte c'est que, contrairement à l'ado, c'est que j'ai nullement besoin de me sentir magnifique pour me sentir bien. Il faut juste que ce corps soit en adéquation avec mon état d'esprit.
       Alors je me suis fait tatoué, autant de marque de ma propre volonté sur mon corps. Je me suis teint les cheveux en rouge sans autre considération que j'aime ça. Un petit piercing, léger, bien plus que mes tatouages à but personnel, pour annoncer un peu la couleur du personnage que je suis devenue. Peu être un jour le retirais-je? J'en sais rien pour le moment.
        Oui j'ai compris que, et ce bien que les médias semblent nous convaincre du contraire, on peut très bien vivre avec quelques rondeurs sur les hanches, sur le ventre, sur les cuisses. L'important n'est pas de plaire au plus grand nombre, mais de se faire désirer de celui que l'on veut. Après tout les humains et les corps sont bien plus multiples que le modèle dominant ne le suggère.

       Alors qu'est ce que je vois ce matin là dans le miroir?
       Moi. Mon visage rond, mes yeux bleus qui tirent sur un gris qui évoque un temps légèrement pluvieux. Des lèvres fines, un nez fin mais bosselé sur le milieu. Des cheveux rouges que je n'attache que rarement, en bataille. Un corps rond mais sans être gros. Des hanches, des seins, des cuisses, autant de marques de ma féminité. Des tatouages qui ensemble me rappelle quelle attitude à tenir envers le temps qui passe. Quelques cicatrices qui me rappellent des souvenirs...
        Je suis en partie un peu de tout ça. Mais pour sortir je me rhabille. Par pudeur mais pas celle que vous pensez. Celle qui consiste à ne pas se livrer nue au tout premier abord.

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