mercredi 19 octobre 2011

L'importance d'un lieu à soi









Allez y, venez, entrez.
Allez y. Voilà, comme ça. La main sur la poignet. Un balancement léger du poignet, un pression subtile sur la porte et vous voilà chez moi.

Je vous laisse visiter. En face de vous une fenêtre, donnant sur un paysage vert, une forêt sans doute. Vous pouvez entendre l'orage qui gronde, le vent qui agite les feuilles, les gouttes d'eau qui s'écrase sur le rebord de ma fenêtre. La fenêtre est légèrement ouverte pour laisser entrer l'air humide de la pluie. La lumière est tamisé dans cette pièce.
Une lampe de bureau est allumé ainsi qu'une bougie à côté d'une photo montrant une femme d'âge mur, brune aux cheveux courts.
A votre gauche un lit, recouvert de vêtements, de livres ouverts laissés là, grignotés de part en part. Des livres, parlons en, il y en partout. Les étagères recouvrent tout les murs, et quand un mur est libre il est recouvert de photos, posters et places de concerts placardés là comme ces papillons morts dans des cadres.
Les livres sont pleins de couleurs. Bandes-dessinées bariolés ou ouvrages plus sérieux au format régulier, il s'affrontent tous dans une joyeuse cacophonie. J'aime ce joyeux bordel, il n'y a pas de Culture suprême, avec un article défini pompeux mais des cultures, avec un article indéfini promettant un infini, pluriel et surtout moins orgueilleux.
Sur les photos on peut voir pleins de personnes. Ce sont des souvenirs. Certains sont si bien net, encadrés et glacés, immortalisés dans ma tête. D'autres clichés jaunissent sur mes étagères ou sur mon mur, dépérissent et disparaissent. De toute façon d'autres viendront prendre leur place.
Des objets que certains n'oseraient pas présenter dans un vide grenier ornent les étagères des plus en plus hautes. Pleins de poussières, les années commencent à passer sur eux. Ils témoignent de mon histoire personnelle. Oui je suis encore jeune, mais assez vieille pour avoir un début d'histoire à moi. D'ailleurs un bonsaï sur le bord de la fenêtre commence à faire des racines.
Si vous entrez à l'improviste, je serais sûrement sur mon fauteuil en cuir noir et élimé, assise dans le mauvais sens, les jambes en travers de l'accoudoir, un pc portable sur les genoux. Vous entendrez le doux cliquetis des touches sous mes doigts, rythmé par les mots.

Ce lieu est virtuel, il n'existe pas. Je n'ai aucun lieu m'appartenant. Alors pour patienter j'ai décidé d'élire domicile ici.
Bienvenue chez moi. 



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