Allez y, venez, entrez.
Allez y. Voilà, comme ça.
La main sur la poignet. Un balancement léger du poignet, un
pression subtile sur la porte et vous voilà chez moi.
Je vous laisse visiter. En face de
vous une fenêtre, donnant sur un paysage vert, une forêt
sans doute. Vous pouvez entendre l'orage qui gronde, le vent qui
agite les feuilles, les gouttes d'eau qui s'écrase sur le
rebord de ma fenêtre. La fenêtre est légèrement
ouverte pour laisser entrer l'air humide de la pluie. La lumière
est tamisé dans cette pièce.
Une lampe de bureau est allumé
ainsi qu'une bougie à côté d'une photo montrant
une femme d'âge mur, brune aux cheveux courts.
A votre gauche un lit, recouvert de
vêtements, de livres ouverts laissés là,
grignotés de part en part. Des livres, parlons en, il y en
partout. Les étagères recouvrent tout les murs, et
quand un mur est libre il est recouvert de photos, posters et places
de concerts placardés là comme ces papillons morts dans
des cadres.
Les livres sont pleins de couleurs.
Bandes-dessinées bariolés ou ouvrages plus sérieux
au format régulier, il s'affrontent tous dans une joyeuse
cacophonie. J'aime ce joyeux bordel, il n'y a pas de Culture suprême,
avec un article défini pompeux mais des cultures, avec un
article indéfini promettant un infini, pluriel et surtout
moins orgueilleux.
Sur les photos on peut voir pleins de
personnes. Ce sont des souvenirs. Certains sont si bien net, encadrés
et glacés, immortalisés dans ma tête. D'autres
clichés jaunissent sur mes étagères ou sur mon
mur, dépérissent et disparaissent. De toute façon
d'autres viendront prendre leur place.
Des objets que certains n'oseraient
pas présenter dans un vide grenier ornent les étagères
des plus en plus hautes. Pleins de poussières, les années
commencent à passer sur eux. Ils témoignent de mon
histoire personnelle. Oui je suis encore jeune, mais assez vieille
pour avoir un début d'histoire à moi. D'ailleurs un
bonsaï sur le bord de la fenêtre commence à faire
des racines.
Si vous entrez à l'improviste,
je serais sûrement sur mon fauteuil en cuir noir et élimé,
assise dans le mauvais sens, les jambes en travers de l'accoudoir, un
pc portable sur les genoux. Vous entendrez le doux cliquetis des
touches sous mes doigts, rythmé par les mots.
Ce lieu est virtuel, il n'existe pas.
Je n'ai aucun lieu m'appartenant. Alors pour patienter j'ai décidé
d'élire domicile ici.
Bienvenue chez moi.
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